vendredi 19 août 2011

Où je baratine à propos du bara


En ce moment, j'écris un article sur le bara. Ou plutôt, en ce moment, je devrais être en train d'écrire un article sur le bara, qui est commencé mais que je ne finirai qu'après quelques traductions urgentes. Pour ceux qui l'ignorent (la majorité de la population mondiale, j'imagine) le bara est un genre de BD japonaise destiné au lectorat homosexuel. Non, je ne parle pas du yaoi, qui est destiné aux lectrices hétérosexuelles. Le bara, ce sont des BD qui paraissent dans les revues gays japonaises (ou, depuis les années 2000, dans des livres-revues spécifiques au genre). Les personnages ont des physiques très masculins, et les histoires parlent de relations entre hommes, très souvent en mettant en avant la composante sexuelle, mais pas uniquement. L'article que je prépare doit paraître dans la nouvelle édition mise à jour et augmentée du premier numéro de Mangas 10000 images.
Le seul auteur de bara dont les œuvres sont largement disponibles en français est Gengoroh Tagame que, personnellement, j'adore, mais dont je comprends parfaitement que l'on puisse trouver son univers quelque peu excessif (bon, là, je mets un lien vers son bouquin le plus gentil). Or, ne voilà-t-il pas qu'un éditeur italien tout nouveau, renbooks, entreprend de traduire un auteur de bara nettement plus "tout public", Kotaro Takemoto. "Baciando il cielo" signifie "embrasser le ciel", et dans l'original nippon, il y a un jeu de mot, car l'un des jeunes gens de l'histoire qui donne son titre au recueil s'appelle Sora, ce qui signifie "ciel" en japonais. Bref, tout cela pour dire que ceux qui veulent découvrir cet auteur sans avoir à apprendre le japonais peuvent désormais le faire (bon, d'accord, il faut connaître l'italien, mais reconnaissez que c'est autrement plus facile pour un Français), et ce d'autant plus facilement qu'il est disponible sur Amazon Italie.
Au fait, "bara" signifie "rose" en japonais. Ah, romantisme, quand tu nous tiens…

jeudi 18 août 2011

Cherche-t-on à nous faire prendre des DC pour des Green Lantern ?

Oui, je sais, il n'est pas tout jeune, ce jeu de mot. Quelqu'un (je ne sais plus qui) l'avait lancé dans Scarce, la revue sur la BD américaine dont je fus l'un des pères fondateurs à une époque que les moins de gngngn ans ne peuvent pas connaître. Depuis, chaque fois que le nom de Green Lantern est mentionné, je ne peux pas m'empêcher de repenser à ce jeux de mots laid qui agace les gens bêtes. Et en ce moment, il est fort question de Green Lantern, en raison de la sortie imminente d'un film à lui consacré.
En faisant mes courses ce matin, j'ai même vu le dit personnage décliné en livres pour enfants à la vitrine d'une librairie. Les images étaient essentiellement tirées du film, sauf une, un dessin au trait représentant Green Lantern version Hal Jordan dans un graphisme qui mélangeait les influences de Gil Kane, Neal Adams et Dick Giordano. J'y ai vu une certaine ironie, parce que le bellâtre musclé qui interprète le rôle dans le film ressemble plutôt à Kyle Rainer, le Green Lantern des années 1990. Kane, Adams et Giordano sont en revanche des graphistes des années 1960-1970 et leur influence s'est faite sentir sur le personnage jusque dans les années 1980. Bref, on était dans le post-modernisme total, et je me demande si la version dessinée et la version "photo de film" ne risquent pas de provoquer chez les enfants et les adolescents à qui les images que j'ai vues étaient destinées la réaction suivante : "Ben… C'est pas le même !"
En tout cas, je ne dois pas être encore complètement blasé, puisque la vue de ce personnage de Green Lantern, si confidentiel à l'époque où je l'ai découvert, désormais étalé partout, m'étonne encore. Et je ne peux m'empêcher de penser qu'une des raisons de cette confidentialité était la haine que portait la Commission de Surveillance des publications destinées à la jeunesse à l'encontre des super-héros. Quel dommage que la plupart des pisse-vinaigre moralisateurs qui ont empêché (entre autres) la diffusion en France de la bande dessinée Green Lantern pendant presque toutes les années 1960 ne puissent le voir aujourd'hui étaler partout son costume émeraude "modernisé" par Hollywood. Il y aurait au moins un bon côté à cette invasion de Green Lanterns sur nos panneaux publicitaires. Car je dois vous l'avouer : Green Lantern est un super-héros qui m'a toujours laissé profondément indifférent.